Cartographie belge

Notre pays a connu une activité remarquable dans le domaine de la cartographie au cours du XIXe siècle . II n'est pas douteux que la carte de Ferraris, qui jouit d'une célébrité méritée, ait eu à ce sujet une influence stimulante dans ce domaine. Il faut y ajouter le progrès scientifique et technique et surtout l'expérience acquise lors de l'établissement des plans cadastraux entre 1808 et 1834.

En 1831, fut créé le Dépôt de la Guerre (devenu en 1878 l'Institut cartographique militaire) chargé des principaux travaux cartographiques. A côté de cette institution officielle, existait également l'Etablissement Géographique de Bruxelles, de renommée mondiale. Il fut fondé en 1830 par Ph. Vander Maelen (1795-1869); ce savant édifia par ses propres moyens, fussent-ils importants, une oeuvre cartographique qui n'a pas son correspondant . Une de ses oeuvres les plus importantes est restée inachevée, probablement à cause du manque d'intérêt du public; il s'agit de l'édition d'un atlas cadastral qui devait englober toutes les communes belges. Le plan cadastral et la matrice de 137 communes du Brabant furent publiés ainsi de 1837 à 1847 .

Cet exemple fut suivi par Philippe-Christian Popp.

Depuis l'époque des plans Popp, la cartographie belge a encore évolué et continue à se distinguer bien sûr. En témoigne cet article écrit par Monsieur Christian Du Brulle dans le journal Le Soir (www.lesoir.be ) du 15 septembre 2001:

"Cet été à Pékin, l'IGN, l'Institut géographique national (belge), a décroché le premier prix d'excellence décerné par l'ACI, l'Association cartographique internationale A l'honneur, les nouvelles cartes numériques au 1/50.000 de la Belgique.

A l'abbaye de la Cambre, à Bruxelles, siège de l'Institut géographique national (IGN), on affiche un large sourire. Lors de la dernière conférence internationale bisannuelle de cartographie, la " grand-messe " des instituts géographiques organisée cette année à Pékin (Chine), les cartographes belges ont été plébiscités par leurs collègues... du reste de la planète.

Et pour cause, l'une des nouvelles cartes topographiques dessinées à l'Institut a reçu rien de moins que le premier prix d'excellence. La plus haute distinction dont peut rêver un cartographe pour son travail." C'est une consécration ".

Le comité d'experts chargé de décerner ce prix a choisi la carte belge au 1/50.000 parmi les 150 cartes topographiques provenant de 30 pays en concours, nous explique Bernard Jouret, l'administrateur général f.f. de l'IGN. Pour tous les services de l'Institut, c'est une consécration. Un honneur dont nous sommes particulièrement fiers.

La carte primée n'est autre que la feuille " 15 " dessinée à l'échelle 1/50.000 (un centimètre sur la carte représente 500 mètres sur le terrain) de la région d'Anvers.

D'un point de vue graphique, on retrouve sur cette carte une foule de détails traditionnellement repris sur les cartes au 1/10.000 (un centimètre représentant 100 mètres sur le terrain), ce qui est particulièrement utile à de nombreuses catégories d'utilisateurs, notamment en matière d'aménagement du territoire.

Pour les équipes de l'IGN, le défi a été de transposer ces informations tout en respectant des prescrits cartographiques incontournables, tel par exemple l'emprise au sol des objets. Pas question de dessiner une route ou un bâtiment de manière sur- ou sous-dimensionnée ni de déplacer, pour des raisons de lisibilité du document, un tronçon de route ou de cours d'eau.

Notons en outre que les nouvelles cartes au 1/50.000 de la Belgique (dont la " feuille " anversoise, qui a servi d'exemple à Pékin, n'est qu'une des 74 pièces du puzzle couvrant tout le pays) ont été réalisées de manière numérique.

Ce qui signifie que ce travail de titan (qui a débuté en 1994) ne livre pas seulement comme résultat des cartes " papier " mais également un atlas numérique de l'ensemble de la Belgique à cette échelle.

Il nous reste quelques planches (des demi-" feuilles ") de cette série à finaliser, précise Bernard Jouret. Le 31 décembre de cette année, ce sera chose faite. Toute la Belgique sera alors couverte numériquement avec autant de précision. C'est un événement historique.

Quelques semaines après la finalisation numérique du projet, toutes les nouvelles cartes " papier " à cette échelle seront également disponibles. Et un an plus tard, lorsque les 270 spécialistes de l'IGN auront mis les 74 feuilles au 1/50.000 de la nouvelle collection en relation numérique les unes avec les autres, les utilisateurs pourront employer cette base de données exceptionnelle en s'affranchissant totalement du découpage classique.

Plus question donc de devoir disposer de quatre feuilles pour obtenir une vision globale d'un lieu situé à l'intersection de ces quatre cartes " classiques ".

Qui a dit que la cartographie était une science poussiéreuse ?"

CHRISTIAN DU BRULLE